Il se pourrait que dans quelques années un remède au diabète et à l’obésité voit le jour. Une récente étude réalisée en Belgique prouverait qu’une bactérie contenue dans notre flore intestinale permettrait une diminution du poids. Si cette idée donne de l’espoir et serait une alternative aux chirurgies, une possibilité de voir un médicament apparaître n’est pas encore au menu. Le 24 mai prochain sera une journée nationale consacrée à l’obésité, l’occasion de faire le point sur le rôle de la flore intestinale sur notre métabolisme.
La flore intestinale est composée de bactéries contenues dans le tube digestif. Elles permettent de faire le lien entre l’environnement et la biologie de notre corps. Ces dernières favorisaient la prise de poids et jouerait un rôle sur les personnes diabétiques et obèses.
Des bactéries différentes selon la santé des gens
Dès l’âge de deux ans, le corps acquiert une flore intestinale. Cette dernière se développe dès la naissance en réponse à notre alimentation et notre environnement. Certains médicaments pourraient également favoriser le développement des bactéries dont les antibiotiques, certains arrivant même à la modifier (les probiotiques).
Selon notre santé, les milliers de bactéries dans notre intestin sont différentes. Certaines personnes obèses ont un équilibre de la flore perturbée. Si elle est plus ou moins riche, le métabolisme sera différent. Les flores appauvries, comme chez les personnes obèses, perturbent la biologie et ont tendance à faciliter l’absorption d’énergie donc la prise de poids.
Une flore intestinale capable d’être modifiée.
Une étude menée aux États-Unis à la fin du mois de mars a prouvé que la flore intestinale jouait sur notre prise de poids. Des chercheurs du General Hospital au Massachusset ont remarqué que lors d’un pontage gastrique, destiné à diminuer le poids, chez des souris obèses, la flore intestinale était modifiée. Ils ont ensuite transféré ces bactéries dans l’estomac de souris normales. Les résultats montrent que les souris avaient en tout perdu près de 20 % de leurs poids, comme si elles avaient elles aussi subi un pontage gastrique.
Cette étude donnait l’espoir d’une modification du métabolisme par la flore intestinale qui serait tout aussi efficace qu’un geste chirurgical risqué.
Une bactérie qui ferait barrière aux maladies cario-métaboliques
En Belgique, l’UCL (Université Catholique de Louvain) avait publié une étude au début du mois. Celle-ci montrait qu’une bactérie de la flore intestinale permettait d’arrêter le développement de l’obésité et du diabète de type 2. L’Akkermansia muciniphila, une des bactéries qui peuple cette flore, est énormément présente chez les personnes saines car elle vit dans les mucus qui recouvrent les cellules intestinales servant de barrière.
Les chercheurs belges ont réussi à faire le lien entre cette bactérie capable de maintenir la barrière de l’intestin et la prise de poids. Après avoir fait subir un régime gras chez des souris, les chercheurs leur ont administré les fameuses bactéries d’Akkermansia muciniphilia. Et même en continuant d’être nourries de façon grasse, les souris avaient bel et bien perdu du poids. On constate par ailleurs que les souris obèses testées possèdent une épaisseur plus fine de la couche de mucus que chez les rongeurs sains.
Aurons-nous le droit à un traitement pour l’homme ?
À l’échelle européenne un projet, METACARDIS a vu le jour depuis la fin de l’année 2012. Il regroupe six pays européens et a pour objectif d’étudier le rôle de la flore intestinale dans le développement des maladies cardio-métaboliques.
Karine Clément, directrice de l’Institut de cardio-métabolisme et nutrition, interrogée par France Info, déclare que l’enjeu de cette étude est de découvrir un médicament capable de modifier la flore de façon saine chez les personnes obèses ou diabétiques.
Avant que la question d’un traitement du médicament se pose, pour l’heure, les études de ce projet européen consistent surtout à découvrir de quelles manières la modification a lieu. Et enfin de quelles manières ces bactéries contenues dans l’intestin pourraient être utilisées dans une éventuelle guérison du diabète et de l’obésité.